Marine Le Pen a reçu une leçon

Après avoir commenté avec nous les prestations des différents candidats tout au long de la campagne présidentielle, Sham’s, docteur en sciences et technologies des arts du spectacle, conclut l’exercice en disséquant son apothéose : le débat des deux finalistes de mercredi soir.

Quelle histoire ! la campagne présidentielle n’a pas manqué d’imprévus et il se trouve que les analyses de Sham’s sur le comportement « scénique » de chaque candidat ont été confortées par leurs évolutions respectives dans les sondages. Au cours de ces dernières semaines, il avait relevé le départ en trombe de Marine Le Pen qu’il jugeait brillante dans ses meetings puis son affaissement au fur et à mesure de la campagne et des débats. Il avait salué les saillies de Philippe Poutou et de Jean-Luc Mélenchon….Il avait repéré les faiblesses de François Fillon qualifié de « piètre orateur« . Il avait observé l’apprentissage d’Emmanuel Macron et son habilité à éviter les coups…

Le harcèlement perdant de Le Pen

Il a scruté le débat de mercredi soir de son œil d’expert, carnet de notes à portée de main. Il ne partage pas l’avis d’observateurs nationaux qui ont parlé d’un « débat atterrant« . « Non, insiste-t-il, un débat est à l’image de ceux qui le composent. On ne pouvait pas attendre d’Emmanuel Macron qu’il joue à fleuret moucheté. Marine Le Pen a choisi de mener une guerre de harcèlement dès le début comme un kanyar la cour. On ne s’attendait pas à ce qu’un énarque descende à ce niveau mais Emmanuel Macron a contré point par point. Ce qui a obligé Marine Le Pen à surenchérir. Elle a passé tout son temps à casser du banquier. Elle en a oublié de vendre son projet et de susciter le désir. Elle est tombée dans son propre piège« .

La candidate frontiste a ainsi délivré un message « brouillon« , elle a sabordé son intervention « carte blanche » où elle devait développer une proposition originale et sa conclusion pendant laquelle elle aurait dû s’adresser solennellement au peuple.

Même l’ironie dont elle sait si bien jouer d’habitude s’est transformée en sarcasmes agressifs à coups de doigts tendus. En fin de compte, elle n’a pas respecté les règles d’un débat qui avait pourtant fait l’objet de négociations entre les candidats. Si bien qu’elle a donné l’image d’un parti encore incapable de respecter une discipline républicaine et de se dresser à un niveau présidentiel.

La démonstration chirurgicale de Macron

Emmanuel Macron s’est quant à lui employé à soigner sa « stature présidentielle«  en gardant son calme. « Quand Marine Le Pen avait le sens de l’invective, lui avait le sens de la formule« , relève le spécialiste de l’art oratoire en citant les phrases les plus marquantes : « ça ne se passe pas comme ça dans la vraie vie« . « La retraite à 60 ans, ça coûte 30 milliards, c’est infinançable« , « la grande prêtresse de la peur est en face de moi« . Alors que Marine Le Pen a rabattu des arguments déjà usés et usités au cours des dernières semaines.

« Elle attaque pour ne pas ouvrir son sac »

En réponse à la guerre de harcèlement dont il a été la cible, Emmanuel Macron s’est fait démonstratif pour démonter les approximations du programme du Front National. « Il est rentré dans les chiffres, il a voulu pousser Marine Le Pen à une analyse chirurgicale de son programme. Mais elle s’est refusée à ouvrir le corps et n’a donné que des réponses idéologiques (« j’ai des mesures pour rendre l’argent aux français ») sans entrer dans les détails. En fait, elle attaque comme un bouledogue pour ne pas avoir à ouvrir son sac« , relève Sham’s qui reconnaît à Marine Le Pen qu’un seul avantage : « Elle domine Macron dans la technique de la marche forcée lorsqu’elle l’interrompt et l’empêche de développer un raisonnement« .

Macron Président, à moins que….

Lui qui voyait Marine Le Pen en possible vainqueur de l’élection, lorsqu’il analysait ses excellentes prestations d’oratrice en meetings, corrige totalement son jugement car le rapport s’est inversé lors de l’exercice du débat en face en face. Emmanuel Macron s’est révélé bien meilleur : « On a découvert quelqu’un qui a le courage des fous. Au-delà du contenu des programmes, ces débats permettent de découvrir des personnalités. Macron ne recule jamais ce qui laisse prévoir qu’il sera un bon négociateur en tant que Président »…Le verdict est lâché. Pour Sham’s, « l’élection est pliée après le débat A moins que les allusions de Marine Le Pen sur un compte aux Bahamas ne débouche sur des révélations » (ndlr : Emmanuel Macron a déposé plainte contre ces insinuations qui trouvent racine sur de sulfureux sites internet russes).

Le débat de mercredi soir s’est donc traduit par un « échec » pour le Front National, selon Sham’s. « Mais des échecs peuvent aussi annoncer des victoires futures, prévient-il. On apprend de ses erreurs. Marine le Pen a reçu une bonne leçon. Elle a quand même réussi, pendant cette campagne, à faire monter son parti et à faire exploser le vieux front républicain. Mais, pour passer la marche supérieure, le FN sait désormais qu’il doit construire un projet qui tienne la route« .

 

Franck CELLIER

LU DANS LE JOURNAL LE QUOTIDIEN DE LA RÉUNION DU 5 MAI 2017
Élections présidentielles 2017

LE DÉBAT VU PAR LE DR SHAM’S

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